Présentation du sujet

Le mot kitsch est d’origine allemande ; il est le résultat du verbe verkitschen, qui signifie brader, et de kitschen, qui veut dire ramasser des déchets dans la rue. D’une pièce rapportée, ramassée ou remaniée, l’objet kitsch devient rapidement un style, une esthétique, pour enfin se voir nommer « art ». Ce phénomène d’art présenté alors comme celui de la récupération apparaît au XIXe siècle, et découle intrinsèquement des débuts de l’industrialisation. Aujourd’hui, la définition que nous offre le dictionnaire de l’Académie Française n’est pas si différente, le kitsch « s’applique au caractère esthétique d’objets de mauvais goût et de grande diffusion, qui symbolisent la crise du concept d’authenticité de l’œuvre d’art, provoquée par les nouvelles techniques de reproduction ». Le kitsch est un « repêchage » : il représente une dépouille de valeur dans le sens où il garantit la forme sans le fond, la reproduction « bête et méchante » dépourvue de contenu. Son esthétique est codifiée par des objets vieillots, dont les codes détonnent avec ceux établis comme « à la mode ». La temporalité du kitsch est difficile à définir tant celui-ci est présent à toutes les époques. Il nous plonge dans un instant de nostalgie universelle en illustrant de façon grotesque les symboles et figures générationnels dont il incarne les clichés. Or, comment des codes a priori mal vus, désuets, grossiers, peuvent-il régir des tendances actuelles ? Comment le kitsch parvient-il à perdurer malgré les évolutions de notre société contemporaine ? En réalité si ce courant parvient à perdurer et être aujourd’hui encore une tendance à part entière, c'est parce que certains de ses principes de fonctionnement sont entrent en résonance avec les nouveaux modes de consommation.

 

Ce mémoire-objet comprend deux parties : une boîte ainsi qu'un patchwork de tissus. La boîte est la caricature du kitsch à son apparition. Il s'agit d'une boîte à bijoux à l'allure précieuse en marqueterie, recouverte d'une couche de peinture rose et de paillettes, réinvestie de strass. Ce processus de "kitschisation" reprend le principe d'industrialisation duquel naît le kitsch : une réplique d'un bel objet, reproduit à l'identique, avec des matériaux moins nobles, dont le rendu garanti la forme, souvent au détriment du concept.

 

La patchwork de tissus correspond davantage à ce que l'on pourrait qualifier du "néo-kitsch" d'aujourd'hui. Le patchwork, par définition, est un "assemblage d'éléments hétérogènes" ; un des piliers de l'esthétique kitsch est cette idée d'accumulation d'éléments clinquants, dont les styles n'ont pas pour vocation d'aller ensemble.

 

Le kitsch d'aujourd'hui exacerbe l'exubérance, maximise les émotions dans une volonté de reconnaissance et de réaction. Voici le concept de ce mémoire-objet.